Le 11 novembre : armistice de la Première Guerre Mondiale

 

Cette année, pour cause de virus, la cérémonie du 11 novembre est annulée et remplacée par un dépôt de gerbe à chacun de nos Monuments aux Morts, en comité très restreint.

Mais nous ne devons pas oublier.

La Première Guerre Mondiale, ce furent 8 millions de morts, 21 millions de blessés, 4 millions de veuves, 8 millions d’orphelins. Au-delà de ces chiffres, combien de souffrances jamais éteintes ?

Nous ne devons pas oublier tous ces soldats de France et d’ailleurs qui se sont battus pour défendre la Liberté.

Il n’y a plus aujourd’hui de combattants de cette époque mais nous nous devons d’honorer leur mémoire et de tenter d’égaler leur courage.

L’atrocité des combats de 14-18 ne leur a pas fait perdre leur qualité d’homme. Malgré leur peur et leur infinie misère, ils restèrent capables de courage et d’amour.

Le 11 novembre 1918, ils pensèrent que c’était la « der des der ». Vingt ans après, le monde plongea dans une tragédie encore plus grande.

Les efforts internationaux en faveur de la paix n’ont pas suffi. Les folies meurtrières et totalitaires ne sont pas éteintes.

A nous de nous montrer dignes des Anciens.

Nous ne devons pas oublier.

                                                                                            Alain de Lespars

                                                                                        Président de l’Union Nationale des Combattants de Barneville-Carteret

Extrait du carnet de guerre du caporal clairon Louis Brisolary

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Mardi 8 septembre  1914

Nous partons à la lisière du bois de la ferme de Champfleury (Seine et Marne). Je suis affecté à la 9ème Compagnie. Quelques instants après, les boches nous envoient une pluie d’obus, nous étions derrière un petit talus. Un obus tombe à côté de moi et blesse neuf de mes camarades.

Toute la journée, canonnade terrible. C’est là que je reçois le baptême du feu avec émotion car je tremble d’avoir été surpris comme cela.

Le soir, nous couchons sur nos positions.

Mercredi 9 septembre

Dès le matin, ça recommence, les obus tombent de tous les côtés. Mais vers midi, un de nos aviateurs découvre les canons allemands et notre artillerie les chasse de leurs positions.

Le soir, nous allons bivouaquer dans le parc d’un château dont le propriétaire est allemand.

Jeudi 10 septembre

Le matin, au petit jour, nous reprenons notre position dans le bois et une note arrive. Il faut rester coûte que coûte. C’est ce que nous faisons. A midi, les Allemands battent en retraite.

Nous passons par Ay. Beaucoup de tués. Les tranchées sont pleines de cadavres allemands.

Nous continuons notre route pour Betz (Oise). Journée de souvenirs car nous traversons parmi les blessés et les morts sur notre champ de bataille. Nous remarquons qu’il y a plus de Français que d’Allemands car eux les avaient enterrés.

Tout au long de la route, dans les champs et les villages, ce n’est que des cadavres, ce n’est pas beau à voir, par endroits ce sont des chevaux et des vaches tués aussi et, par la chaleur terrible, il se dégage une odeur incommodante.

Sur la route, il y avait un hangar de paille et des soldats allemands blessés. Je ne peux pas tout raconter.

Le soir, nous bivouaquons aux avant-postes à Ormoy (Oise). Je pars en avant-poste entre une ferme et le bois jusqu’au petit jour.

Jeudi 12 novembre 1914

Nous restons dans une tranchée à environ 600 mètres de l’ennemi à Souastre (Pas de Calais). Puis, à minuit, nous faisons un bond en avant et de nouvelles tranchées. Nous avons des tués.

Vendredi 13 novembre 1914

Nous continuons nos tranchées pour se mettre à l’abri. Il pleut et le vent est froid.

C’est terrible, nos habits ne sont qu’une boue et les tranchées s’écroulent.

Le soir, fusillade, les boches viennent près de nos tranchées. Un caporal est tué à mes côtés d’une balle dans la tête.

Trois nuits sans dormir, je suis très fatigué.

Samedi 14 novembre 1914

Nous recreusons des tranchées car, avec la pluie, la terre retombe.

Nous recevons une pluie d’obus, un tombe à un mètre derrière moi.

La nuit, nous faisons des boyaux pour retomber aux tranchées de tir, avec des fils de fer devant pour nous garantir.

Vendredi 6 décembre

Il pleut toute la journée.

Notre 75 bombarde.

Nous faisons une attaque à Gomécourt (Pas de Calais). Nous sommes à 300m du village. Les boches tirent sur Foncquevilliers plus que d’habitude mais sans résultat. Vers 3 h et demi, les boches nous envoient quelques obus pas loin, heureusement pas de victime.

La nuit est sombre, on ne voit rien car il pleut à torrents et il faut prêter l’oreille car, après une journée de canonnade, on est prêts à une attaque dans la journée.

On a aperçu un boche qui tirait sur nous depuis un arbre. Je fais faire feu de salve et le boche dégringole. Il est resté pendu toute la journée dans l’arbre mais, pendant la nuit, les boches l’ont descendu.

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Louis Brisolary est né le 17 juin 1881 à Bapaume (Pas de Calais). Il était ajusteur et habitait à Créteil au moment de la mobilisation. Il était marié et père de deux enfants. Il fut affecté au 66ème Bataillon de Chasseurs à pied. Il fut tué, à l’âge de 33 ans, le 29 juin 1915 à Foncquevilliers (Pas de Calais) en recevant un éclat d’obus.

L’un de ses enfants était le père d’une habitante de Barneville-Carteret. Il était prévu qu’elle lise ces extraits du carnet de son grand-père lors de la cérémonie du 11 novembre 2020.

11 novembre 2020 : le message de la ministre Geneviève DARRIEUSSECQ

« C’était il y a un siècle.
Ce 10 novembre 1920, la Grande Guerre est achevée depuis deux ans. Dans la citadelle de Verdun, Auguste Thin, soldat de deuxième classe et pupille de la Nation, dépose un bouquet d’œillets blancs et rouges sur le cercueil d’un soldat. Un parmi tous les combattants des Flandres, de l’Artois, de la Somme, du Chemin-des-Dames, de Lorraine, de la Meuse… Un de ces braves ! Un des poilus qui participa à une interminable guerre. Un de ces Français qui œuvra à la tâche incommensurable de la Victoire.
Un parmi des milliers qui est devenu le Soldat inconnu.
Le 11 novembre 1920, le peuple de France l’accompagne solennellement sous les voûtes de l’Arc de Triomphe. La patrie, reconnaissante et unanime, s’incline respectueusement devant son cercueil, en saluant la mémoire de tous les soldats morts sous le drapeau tricolore.

Quelques mois plus tard, il était inhumé. Depuis 1923, la Flamme du Souvenir veille, nuit et jour, sur la tombe. Chaque soir, elle est ravivée pour que jamais ne s’éteigne la mémoire. La sépulture du Soldat inconnu est devenue le lieu du recueillement national et le tombeau symbolique de tous ceux qui donnent leur vie pour la France. Cet anonyme représente chacun de nos morts et tous nos morts en même temps.
Cette mémoire vit également dans chacune de nos communes, dans chaque ville et village de France, dans chacun de nos monuments aux morts, dans chacun des cimetières, dans nos mémoires familiales. Elle vit dans l’œuvre de Maurice Genevoix qui entre aujourd’hui au Panthéon. Le Président de la République l’a souhaité en l’honneur du peuple de 14-18.
Maurice Genevoix n’entre pas seul dans le temple de la Nation. Il y entre en soldat des Eparges, en écrivain et en porte-étendard de « Ceux de 14 ». Il y entre avec ses millions de frères d’armes, ceux dont il a immortalisé le souvenir, l’héroïsme et les souffrances. Il y entre avec toute la société, de la première ligne à l’arrière, mobilisée face à l’adversité et qui a tenu avec une admirable endurance. 8 millions de soldats combattirent sous les couleurs de notre drapeau, aucun d’entre eux ne revint totalement indemne. Des centaines de milliers furent blessés dans leur chair comme dans leur âme. 1 400 000 tombèrent au champs d’honneur.

Nous ne les oublions pas. Inlassablement, nous les honorons.
Chaque 11 novembre, la Nation rend également un hommage solennel à tous les morts pour la France, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Chaque année, nous rappelons leur nom.
Chaque 11 novembre est un moment d’unité nationale et de cohésion autour de ceux qui donnent leur vie pour la France, de ceux qui la servent avec dévouement et courage. En ces instants, au souvenir des évènements passés et aux prises avec les épreuves de notre temps, nous nous rappelons que c’est tout un peuple, uni et solidaire, qui fit la guerre, qui la supporta et en triompha ».

Le Dépôt de gerbe a eu lieu en comité restreint au Monument aux Morts de Barneville puis au Monument aux Morts de Carteret.