Le 5 décembre : hommage aux Morts en Afrique du Nord
Journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie (1952-1962)
Conformément à l’habitude locale, tout à fait excellente, ce sont, en temps ordinaire, c’est-à-dire sans « virus », toutes les communes de l’ancien canton de Barneville-Carteret qui participent.
Nous étions, cette année, à Saint Georges de la Rivière parce que nous voulions parler de cet enfant de la commune, Joseph Collas, tué en Algérie en 1959 et rendre l’hommage que nous n’avions pas pu rendre à la mémoire d’Albert Lecreps, Président des Anciens Combattants de Saint Georges de la Rivière, de Saint Jean de la Rivière et de La Haye d’Ectot. Hélas ! il faudra encore remettre.
Nous avons donc déposé une gerbe au Monument aux Morts de Saint Georges de la Rivière, respecté une minute de silence et chanté la Marseillaise. Nous avons été bien arrosés par une pluie violente et glaciale.
Lorsque nous referons cette cérémonie l’année prochaine, les mesures restrictives de rassemblement ne seront plus qu’un lointain et mauvais souvenir et … il y aura du soleil !
Discours du 5 décembre 2020 de la Ministre Geneviève DARRIEUSSECQ
« Monsieur le député,
Madame l’adjointe à la maire de Paris, en charge de la mémoire,
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, général,
Monsieur le représentant du président du Sénat,
Monsieur le représentant du préfet de Région,
Monsieur le représentant du préfet de Police, mon colonel,
Officiers, sous-officiers, militaires du rang et personnels civil des Armées,
Mesdames, messieurs les présidents et représentants d’associations du monde combattant,
Mesdames, messieurs les porte-drapeaux,
Mesdames, messieurs,
Nous sommes rassemblés devant ce Mémorial national pour renouveler l’hommage de la Nation aux « morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie. La nation se souvient également de toutes les victimes, civiles comme militaires, de ce conflit qui brisa tant de destins et généra tant de violences.
Nous le faisons dans le silence du respect pour les morts et avec le souci constant de porter haut leur mémoire.
Je vous remercie de votre participation et de votre présence aujourd’hui. Je salue et j’adresse une pensée à tous ceux qui, dans notre contexte sanitaire, ne peuvent être des nôtres.
Il y a 60 ans, une guerre, longtemps niée, entrait dans sa septième année. Durant la guerre d’Algérie, de l’Atlas aux Aurès, de la ligne Morice à la Kabylie, d’Oran à Constantine en passant par Alger, des soldats de métier, des centaines de milliers de jeunes hommes appelés ou rappelés sous les drapeaux et des membres des forces supplétives servaient et combattaient.
Toute une génération de jeunes hommes découvrait l’âpreté de la guerre, la violence d’un conflit aux multiples visages.
De 1952 à 1962, en Algérie, au Maroc et en Tunisie, près de deux millions d’hommes ont servi nos armes. 70 000 ont été blessés, plus de 25 000 sont tombés pour la France. Hier, ils ont combattu avec dévouement pour nos couleurs, aujourd’hui, ils reposent dans la mémoire nationale.
C’est à toute cette génération, celle qui a eu « 20 ans dans les Aurès » que nous consacrons cette journée.
A ceux qui y trouvèrent la mort, à ceux qui en revinrent, y ont souffert et en souffrent encore, marqués dans leur chair comme dans leur esprit. Le souvenir de ces mois de service et de guerre est toujours vivace chez nombre d’anciens combattants.
Dans chacun de nos territoires, des mères, des pères, des épouses, des enfants, des familles ont suivi fébrilement les nouvelles et ont guetté avec inquiétude les courriers. Ils ont pleuré la perte d’un proche. Et je pense aussi au personnel féminin des armées, à ces femmes qui dans différentes fonctions ont servi au sein des armées ou à leurs côtés.
C’est la société française toute entière qui a été touchée par la guerre d’Algérie. C’est la République dans son équilibre même qui fut transformée, dans ses institutions et sa pratique. C’est le visage même de notre Nation qui a été bouleversé.
Dans son hommage et dans la reconnaissance de la douleur, la France n’oublie ni les tourments des civils, ni les rapatriés qui ont abandonné un pays qui était le leur, qui était celui de leur cœur et de leurs ancêtres. Elle sait à quel point les exactions commises à leur encontre, au printemps et à l’été 1962 notamment, puis le déracinement constituent encore des blessures dans les cœurs.
Elle sait également le sort des anciens harkis et de leurs familles qui ont subi de terribles représailles ou qui ont été contraints de quitter leur terre natale.
Elle pense aussi à ces hommes et à ces femmes, civils et militaires, dont la trace a été perdue.
Devant nous, des milliers de noms défilent. Ils illustrent l’ampleur des sacrifices consentis. Par notre présence, nous exprimons notre respect et notre attachement à toutes ces femmes et à tous ces hommes. En rendant hommage à tous ses enfants, la République française est fidèle à ses principes et à ses valeurs.
Il y a, de part et d’autre de la Méditerranée, une douleur partagée entre la France et l’Algérie, une plaie qui demeure vive. Les vérités de la guerre d’Algérie sont douloureuses mais elles doivent être dites, expliquées et enseignées. Elles doivent permettre de rassembler et d’apaiser. Elles doivent permettre de transmettre.
La guerre d’Algérie est faite d’une multiplicité de destins, d’aventures individuelles, de vécus divers. Elle enchevêtre les drames familiaux, personnels et même intimes. Cette histoire est complexe, sa mémoire est plurielle, et couvre tout le territoire.
Ces vérités vivent à Marseille, dans ce port d’où tant de soldats sont partis, où tant de rapatriés sont arrivés, où tant d’anciens harkis ont posé leur premier pied en France.
Elles perdurent sur les monuments aux morts, dans nos lieux de mémoire.
Elles vivent dans les souvenirs de chaque ancien combattant et dans chaque association. Les anciens d’Algérie sont, aujourd’hui encore, les forces vives du monde combattant. Beaucoup exercent de hautes responsabilités dans les associations. Ils fédèrent les soutiens, ils rassemblent les mémoires, ils organisent des actions de solidarité et de transmission. Je les remercie, je vous en remercie.
C’est d’ailleurs avec vous que nous œuvrons, par nos échanges, par notre travail de concertation, au maintien et à l’amélioration des dispositifs de reconnaissance et de réparation. Depuis trois ans, nous avons travaillé à leur consolidation. Cette démarche volontariste témoigne de l’attachement du Président de la République et du Gouvernement à l’ensemble du monde combattant.
Les armes se sont tues depuis 58 ans. Cette période occupe pour autant dans notre histoire et dans notre mémoire nationale une place toute particulière. C’est pour cela que nous construisons et menons un solide travail de mémoire. C’est par ce travail que nous œuvrons à un présent et un futur d’apaisement.
Nous cheminons ensemble vers le 60ème anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. Cet anniversaire sera nécessairement un moment fort pour nous tous et une étape importante de la transmission mémorielle.
Je souhaite que cet anniversaire soit aussi un moment de rassemblement autour des mémoires de la guerre d’Algérie. Nous devons en faire une commémoration digne et solennelle, éclairée et éclairante pour les jeunes générations. Elle sera dédiée, dans un même mouvement, aux anciens combattants, aux anciens harkis, aux rapatriés et à tous ceux qui ont vécu ou qui ont été touchés par ce conflit et par l’âpreté de sa violence.
Parce que cette histoire est la nôtre, il est nécessaire de continuer son enseignement et de permettre sa juste compréhension.
Parce que ces mémoires sont essentielles pour la construction de nos identités et pour notre cohésion nationale, nous poursuivons le travail de transmission.
Se souvenir, témoigner, raconter, expliquer, partager, tels sont les maitres mots de cette journée nationale. Ce 5 décembre, nous regardons vers l’avenir, nous nous souvenons du passé et nous exprimons notre gratitude.
Vive la république !
Vive la France ! »